L'identification

24 janvier 1962                   

Petite chronique à propos de


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Une exploration simple mais assez complète des recueils de caractères montre que pas moins de 31 clés entrent dans les diverses compositions de .


Il apparaît que les formes phoniques en yi sont un peu plus nombreuses que celles en ji ou en qi. Assez pour que se pose la question de l’origine de cette attribution de la phonie yi à , alors que l’on ne reconnaît pas d’existence légale au terme en cause.


Séraphin Couvreur, tout à la fin de l’article consacré à , mentionne très brièvement l’existence de cette troisième forme phonique, en faisant équivaloir le terme correspondant à . Point.

Ce n’est pas une explication.

(troisième ton) est donné comme verbe, à l’exclusion de tout autre appartenance catégorielle, et supporte les significations suivantes :

    1/ s’appuyer sur ; compter sur

    2/ profiter de.

On en retiendra l’occurrence pour la suite.


Les tentatives d’explication de l’origine de cette intrigante forme phonique sont diverses. Curieusement, on en trouve deux qui spéculent sur l’existence du caractère .

Ce dernier n’est jamais qu’une variante stylistique, celle du style calligraphique Li, dit « des fonctionnaires ».

C’est la forme qu’a retenue l’écriture japonaise à l’exclusion de , et aussi bien pour les formes composées. Une précision utile : ce kanji se trouve sous la clé . En revanche l’écriture chinoise ne l’emploie plus et ne le mentionne que pour mémoire.


Les deux calligraphies diffèrent par le fait que les deux traits obliques se rapprochent dans la seconde au lieu de s’évaser comme dans la première. C’est un phénomène que l’on a pu déjà constater dans le passage d’un mode d’écriture à un autre, de la gravure sur pierre à la gravure sur métal ou d’une de ces dernières à la calligraphie au pinceau.

Mais la graphie de offre la possibilité de mettre en relation l’ensemble des traits superposé à avec le caractère li qui signifie « debout » et fait aussi partie de l’ensemble des clés ou radicaux.

Or il existe un caractère autonome formé de la superposition de à , que je ne peux reproduire ici faute d’avoir pu le copier dans une base de données, mais qu’on peut voir dans le dictionnaire de Couvreur, où est donné aussi ce qui importe en l’occasion, à savoir son équivalence avec .

On s’est donc appuyé sur l’équivalence sémantique (« debout ») aussi bien que sur l’équivalence graphique (bien que le nombre des traits soit différent de l’un à l’autre, quatre pour l’un et cinq pour l’autre), pour en inférer l’idée que ces deux éléments, superposés à , seraient alors entrés dans la formation de deux formes écrites équivalentes.

Ces deux formes auraient coexisté et auraient signifié « se tenir debout sur un pied ». Signification qui, à elle seule, aurait justifié l’extension aux significations de « singulier, unique, extraordinaire ». On croirait voir se profiler l’ombre () de Socrate !


Enfin, l’écriture aurait fini par négliger l’un des traits horizontaux, exactement le trait supérieur de.


Par malheur cette jolie construction ne semble ne se supporter d’aucune attestation.


Pour un certain Dai Tongshi (戴侗氏, nom à écrire en l‘occasion à cause de l‘inclusion de ) c’est le trait horizontal qui, seul, renverrait à la prononciation yi. L’amusant est que le dit trait horizontal, pour subsister comme unique, aurait alors provoqué la disparition de celui qu’il doublait !


Voilà donc une élucubration fort subtile, mais un peu trop alambiquée pour fournir un support convenable à l’assertion lacanienne que c’est de ce qu’elle manque que la lettre prend tout ce qu’elle a d’efficace. Rien ne dit pourtant qu’il ne s’y fut pas essayé pour autant qu’on ait osé lui faire part de ces petites choses !



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À propos de ce qu’il y a de chinois

dans les séminaires de Lacan

Guy Sizaret


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