D’un problème crucial à l’autre

Argument préparatoire pour une table ronde


Michel Guibal


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Dans la perspective d’une table ronde prévue à la

journée d’étude de l’association Psychanalyse en Chine

« Psychanalyste en Chine »

29 septembre 2007



Lire aussi le texte de mon intervention lors d’une des journées préparatoires à ce colloque en janvier 2007

lisible par ici


Il importe de partir d’un texte chinois de Mengzi (孟子) que j’étudie depuis l’an 2000 au retour de mon premier séjour en Chine. Ce texte chinois à été écrit en chinois par Lacan dans le cadre de ses rencontres avec F. Cheng qui a bien tenu à préciser que J. Lacan a été initié au chinois par Paul Demieville.


Cette conférence a été publiée dans un recueil :  Lacan, l’écrit, l’image, Champs, Editions Flammarion, 2000, isbn 2-08-081454-0. Dans cette publication, François Cheng nous donne à voir la copie faite par Lacan d’un extrait du Mencius (chap.II), tel qu’il apparaît ci-contre.

En marge J. Lacan pose une question : « En voilà de l’intéressant sur dans son rapport au yi (),  et comment peut-il dire que si ne répond pas il ne faut pas en demander plus à . »















L’analyse du caractère qui écrit le nom de Mencius, n’est pas sans poser de question sur la détermination d’un destin (fondateur de ce que l’on pourrait nommer à l’occidental : philosophie politique, l’éthique plutôt que la morale) par une nomination. Mengzi en effet est le seul à soutenir que l’homme est naturellement bon, et son oeuvre qui date des royaumes combattants n’a pas été détruite par le premier Empereur.

      
 


Depuis l’émergence en France de la question de la psychanalyse et de la Chine de nombreux collègues lacaniens travaillent sur l’importance du chinois pour J. Lacan de telle façon que son écriture n’apparaît plus comme une simple ornementation comme celle que le clavecin s’impose.

Lorsque J. Lacan écrit ce texte et le propose à F. Cheng c’est au terme de nombreuses références préalables, il saisit là un problème crucial pour la « pensée » chinoise (mais à cette époque pas pour la psychanalyse en Chine) et en retour il considère qu’il se joue là aussi bien un problème crucial pour la psychanalyse.

Il interroge F. Cheng en marge. J’ai essayé sans succès jusqu’à présent de trouver des réponses à ses questions aussi bien du côté des psychanalystes lacaniens qu’en Chine du côté des intellectuels chinois. Je vous indique ici ce qu’il convient de lire pour apprécier ce qu’il y a de crucial chez Mengzi pour les chinois Mou Zongsan (Spécificités de la philosophie chinoise, Introduction de Joël Thoraval, traduit du chinois par Ivan Kamenarović et Jean-claude Pastor, Éd. Cerf). Il est nécessaire de lire les traductions de Couvreur et celle plus récente d’A. Lévi.

N’ayant pas les moyens de me faire une idée ( je ne suis pas un rigoureux lecteur de J. Lacan) sur ce que J. Lacan cherchait, je vous proposerais ma propre très médiocre lecture mais non pas ma propre traduction.

Je suppose que les positions entre lacaniens seront aussi diverses et variées que celles des Chinois lisant ce passage de Mengzi.


En l’an 2000 j’ai été frappé par l’émergence dans ce texte de ce début de phrase : wo gu yue (我故曰). Le plus souvent l’on écrit soit « yue », soit « [patronyme] yue », mais pas « wo gu yue » (référence à mon travail sur le caractère wo qui est glosé par le père Wieger, par ici sur ce site). Je signale ici que Couvreur le phonétise par NGO (référence à mon travail dans ma rencontre avec F. Jullien, lors de laquelle je proposais une autre lecture que la sienne d’un texte de Lu Xun : NGA — par ici sur ce site).

La lecture de l’intégralité du texte de Mengzi en chinois m’indique que c’est la seule occurrence de cette formule. Guy Flecher fit des recherches et m’indique que cette structure n’apparaît dans aucun texte classique. Ceci est aussi confirmé par mes collègues chinois de Chengdu.

Poursuivant mes recherches je trouve dans : Les propos sur  la peinture du moine Citrouille- Amère de Shi Tao, traduit et commenté par Pierre Ryckmans (référence essentielle pour J. Lacan), en lisant le texte chinois la précision suivante dans la note 5 :


                   


                   


Je fais donc l’hypothèse que si J. Lacan choisit ce texte, ce n’est pas seulement pour son contenu mais surtout pour l’évocation  de cette structure : « Wo gu yue », « gu yue » ou « Patronyme gue yue » (ici 孔子: Confucius) en tant qu’elle semble poser problème pour les Chinois eux-mêmes (par ici sur ce site).

C’est la seule que je m’autorise à traduire :

        wo = Je, Moi, Mon corps

        gu = c’est pourquoi

        yue = dire.


En bon français = « C’est pourquoi MOI/JE dis ». Il y a une argumentation précédente « c’est pourquoi MOI/JE dis la proposition suivante ». Je signale, ici, que la proposition suivante fait apparaître un autre personnage que Mengzi, Gaozi qui (contrairement de ce que pense J. Lacan n’est pas un disciple de Mengzi mais un contradicteur sur un problème crucial pour la pensée chinoise).

Je trouve en lisant la traduction de A. Levi d’un autre passage de Mengzi la phrase suivante :

Mencius dit : « Toutes les discussions du monde sur la nature humaine se bornent à des “donc” et des “c’est pourquoi”, lesquels ont pour fondement l’intérêt. Ce qu’il y a de détestable dans l’intelligence, c’est cette façon de perforer. Si elle était semblable à l’écoulement des eaux pratiqué par YU, elle n’aurait rien de rebutant. Le drainage des eaux par YU consistait à faire en sorte qu’il n’y ait pas d’incidents. Si, elle aussi, suivait sa pente naturelle, l’intelligence n’en serait que plus grande. Si haut que soit le ciel, si lointaines que soient les étoiles, à en chercher le “pourquoi”, on pourrait parvenir sans bouger ( à calculer le solstice dans mille ans. »


Il apparaît ici une position de Mengzi qui critique cette utilisation du « c’est pourquoi ». Ce qui n’apparaît pas en lisant la traduction par Couvreur.

26. Mengtzeu dit:

Partout sous le ciel, quand on parle de la nature, on veut parler des effets naturels. Les effets naturels ont d'abord cela de particulier, qu'ils sont spontanés. Ce qui nous déplaît dans les hommes qui sont prudents (mais d'une prudence étroite), c'est qu'ils font violence à la nature. Si les hommes prudents imitaient la manière dont Yu fit écouler les eaux, rien ne nous déplairait dans leur prudence. Yu fit écouler les eaux de manière à n'avoir pas de difficultés, (il profita de leur tendance naturelle. Si les hommes prudents agissaient aussi de manière à n'avoir pas de difficultés, leur prudence serait grande. Bien que le ciel soit très élevé et les astres fort éloignés de la terre, si l'on étudie leurs mouvements, on peut aisément calculer le moment du solstice d'hiver pour chaque année depuis dix siècles.

Texte chinois IV, B, 26.

孟子曰;天下之言性也,則而已矣。者,以利為本。所惡於智者,為其鑿也。


En l’an 2000 je travaillais sur le séminaire de J. Lacan : Problèmes cruciaux pour la psychanalyse (Version Michel Roussin) et j’en extrait dans le cadre du travail d’aujourd’hui les passages suivants,

[p. 217 ] Lucien Israël - Je souffre d'un fâcheux atavisme qui fait que lorsqu'un de mes dieux m'appelle, je réponds: "me voici", et, toujours selon le même atavisme, j'agis avant de réfléchir. Après avoir répondu: "me voici", j'ai malheureusement eu plus de temps qu'Abraham avant de passer à l'acte, ce qui fait que, plutôt que de sacrifier un de mes fils — on ne sait jamais si on trouvera à temps  le bélier —, je sacrifie une partie de mon texte pour ne m'intéresser strictement qu'au thème de « POOR (d) J'e-LI », à ce mot qui remplit la bouche et qui vient à la place peut-être, non pas du désir de boire, mais *de* l'objet du désir ... Mais enfin, tout ça a été dit.

/    / Bedeutung, et c'est pourquoi ce mot, qui est fait de pièces et de morceaux, je devrais dire cet objet plutôt que ce mot, tant il évoque les objets surréalistes, et si c'était un mot-valise, je serais tenté d'y voir *là* malle sanglante, une valise contenant des cadavres dépecés. *Cadavres, voire* des morceaux d'immortels, des morceaux de mon /    /, et c'est là, au fond, me voici livré à un petit jeu qui était peut-être la seule chose dont on n'avait pas parlé - on ne peut pas tout savoir : le morceau de cet objet surréaliste évoqué a une autre forme de composition qui est exactement celle qu'on appelle, en matière d'étude talmudique, le <no taikon. Le no taikon>, c'est l'assemblage signifiant de morceaux de noms avec lesquels on constitue un nouveau terme.

Je vais vous en donner un exemple. Au fond je suis bien encouragé à, parler de nom propre, et du mien, puisqu'on l'a invoqué /    /

J'ai écrit mon nom. Mais ce nom, chacun sait qu'il a été donné à mon pays *par* Jacob, mais pourquoi? Est-ce simplement pour connoter ou faire se souvenir d'un combat /    / ? Il s'agissait surtout de clore une période qui était la période patriarcale, et c'est ça qu'on a résumé dans ce nom. C'est-à-dire que nous avons les initiales de tous les patriarches et de leurs épouses — il doit y en avoir sept si je ne me suis pas trompé —, <et aussi cette association métonymique devenant métaphorique par ses effets, ne pouvait pas correspondre > à une espèce de fantasme, puisque c'est un fantasme qui m'est cher.>

Bien sûr, si ce que je viens de dire est encore trop infiltré d'imaginaire personnel, on pourrait livrer cet objet à une recherche chronologique ; beaucoup d'autres l'ont fait et dans ce « POOR (d) J'e-LI » on verrait une série d'ouvertures en chaîne : d'ouverture d'abord des lèvres, des dents, puis de la langue se décollant du palais, ce qui nous amènerait à trouver à la limite de l'objet qui, comme dit Leclaire, fait paraître, apparaître concrètement quelque chose là où il n'y avait rien —, à la limite nous trouverions peut-être, même plus un sens, mais une pure /    /, c'est-à-dire un rythme, si bien manifesté par ce sentiment d'enroulement et de dépliement de Philippe, cet émoi distingué, cette différence exquise qui n'est finalement peut-être que perception de la variation.

Dernière remarque : je m'étais demandé après avoir entendu Stein prenant la parole immédiatement après ton exposé, si le rébus qu'il avait évoqué, ou le rêve, était utilisable dans une seule langue ou dans plusieurs langues. Un rébus est écrit dans une seule langue, il en va de même de cet objet fantasmatique que tu as ressorti : je me suis demandé s'il n'y avait pas là un exemple d'un terme valable dans toutes les langues. Ce fantasme nous ramènerait ainsi à une période où toute la terre avait une même langue et des paroles semblables — vous reconnaissez la citation —, mais méfions-nous de cette apparente simplicité parce que, il ne suffit pas de lire le texte — une même langue et des paroles semblables —, il faut encore se demander qu’elles étaient ces paroles. Et le commentateur, Rachi en l’occurrence, nous l’explique que ces paroles consistaient à dire : “Dieu n’avait pas le droit de choisir pour lui le monde supérieur, montons au ciel et faisons lui la guerre”.

Ce serait encore trop simple, il y a une autre explication. Ils se sont dit : une fois tous les 1656 ans, le monde subit un cataclysme comme le déluge, faisons donc une construction pour soutenir le firmament. C’était ce que je viens de faire.



[p. 229] J. Lacan - Cet écart, cet écart que laisse dans le nom cette suture qu'il représente, si vous savez en chercher l'instance, vous le retrouverez dans tous.

Œdipus ...

je le prends parce qu'après tout, je suis sollicité par le fait que c'est bien le premier qui peut nous venir à l'esprit

… Œdipus, pied enflé, est-ce que ça va de soi ? Qu'est-ce qu'il y a dans le trou entre l'enflure et le pied ? Justement, le pied percé. Et le pied percé, *il n'est pas dit qu'il est /recollé/*. Le pied enflé, avec son énigme qui reste ouverte, dans le milieu, *est* peut-être plus en rapport avec toute l'histoire œdipienne *qu'il n'apparaît* d'abord.

Et puisque quelqu'un s'est amusé à présentifier mon nom dans ce débat, p
ourquoi ne pas nous amuser un peu ? <Puisque Jacques d'un côté c'est Israël, dont a parlé un de nos témoins au séminaire fermé>, */Lacan,/ ça veut dire lacen*, en hébreu, c'est-à-dire le nom qui conserve les *trois consonnes antiques* qui s’écrivent à peu près comme ça. Eh bien ça veut dire : et pourtant !






Je vous donne ici un extrait d’un article d’E. Porge qui vient en écho :

Le trait unaire manifeste l’écrit (Le phonème trait différentiel) dans la parole. Le nom propre en est exemplaire, il ne se traduit pas d’une langue à une autre, sa transposition n’est pas fonction du sens (meaning) mais fonction des phonèmes. Cela ne signifie pas qu’il ne soit pas porteur de sens, dans la langue de départ aussi bien que dans la langue d’arrivée. En chinois, le nom de Lacan se prononce avec des caractères différents à Taiwan et dans la Chine continentale. A Taiwan les caractères pour transcrire “Jacques”(prononcé jiac) signifient “homme d’affaires”, tandis qu’en Chine continentale, où “Jacques” est prononcé yac, ils signifient “bon, beau”. Pour transcrire “Lacan”, les caractères sont les mêmes à Taiwan et en Chine continentale et ils signifiant “tirer-colline”. Ces différences peuvent influer sur le rapport d’un lecteur au texte de Lacan.


À noter que dans l’extrait du séminaire Les problèmes cruciaux pour la psychanalyse, J. Lacan fait référence à JACOB.

J’ai été voir dans la Thora en hébreu. On trouve effectivement de très nombreuse occurrences en début de verset de LCN. Traduit en français par « c’est pourquoi » et en anglais par « therefore ». Il y a le verset précédent c’est pourquoi j’énonce le suivant.

J. Lacan traduit LCN par « et pourtant » = « il y a le verset précédent et pourtant voilà le suivant ».

J’avais à l’époque indiqué une interprétation :

— Il y a la révolution copernicienne de S. Freud et pourtant MOI J. Lacan je dis que —

Il y a ici une révolution galiléenne. Ce forçage de traduction par J. Lacan n’est pas pour étonner. Il joue sur sa filiation freudienne =

— Il y a S. Freud c’est pourquoi je dis que, mais il y a S. Freud et pourtant je dis que —

(voir à ce sujet le passage d’E. Porge).



Je donne ici les annonces de mon séminaire où j’ai développé ces points :

Jeudi 18 novembre 1999

Les LVoiexs du silence

La légalisation du silence sur la nomination identifiante ou les donneurs de nom

Je sais bien mais Là quand m'aime... et pourtant


Seth
, nom patronymique qui nomme aussi la merde (shit) c'est-à-dire le reste (le lapsus) de la chose qui désigne, en particulier chez les Chi'ites, rien de moins que la créature c'est-à-dire vous et moi. Si la créature est la merde de Dieu elle est aussi nommée et  cela fonde une généalogie qui aboutira à Sem
qui est aussi le principe même de la nomination. Fondation des langues sémitiques mais qui donne aussi Sém—inaire, sem—antique, sem—iologie, etc.

« Adam connut (encore) sa femme; elle enfanta un fils et lui donna le nom de Seth, car, dit-elle, Dieu m 'a accordé une autre descendance à la place d'Abel, puisque Cain l'a tué. » Gen. 4-25.

Seth vient donc aussi à la place d'un cadavre produit par un meurtre.

Dans les entours de la fondation de l'École freudienne de Paris J. M. Lacan indique que les junguiens (mais pas C. G. Jung) mettaient Dieu à la place de l'inconscient, mais à mettre le signifiant éventuellement du nom du père au principe de l'inconscient laisse entière la question : serions nous, aussi, le lapsus, le reste, la merde, le cadavre du signifiant ?

Dans ces mêmes entours J. M. Lacan place au cœur de la psychanalyse (clinique et théorique) la question du nom propre et c'est pourquoi  je reprendrais donc, aussi, ce socle, cette base, ce piédestal, pour retravailler la mise à l'écart du miroir de bronze du tabernacle.

Ou quand le pou, le moustique remplacent l'abeille DBR
, la parole.



Jeudi 16 décembre 1999

Les LVoiexs du silence

La légalisation du silence sur la nomination identifiante ou les donneurs de noms.

L’Echoïsme


C’est pourquoi, therefore
( voir le rapport entre J. Lacan-Marie et son frère Marc François Lacan-Marie), et non pas la scène comme la translittération en lacen pourrait le laisser entendre), c’est pourquoi, donc que nous allons parler de l’échoïsme.

La fonction psychanalytique étant une passerelle entre les mythes antiques et la modernité, donc nous allons aussi dire la mise à l’écart, par la chrétienté fondatrice, de la religion antique du Phallus au profit de la figure du Seigneur Jésus, puis de la trinité, puis de la quaternité virginale. Et pourtant quoi de plus Phallus que la vierge.

Je sais bien Marie, la vierge, et pourtant le Phallus, pourrait dire J. Lacan mais quoi de plus virginal que le Phallus ?

L’écrasement de la triple dimension du pénis freudien (catachronique) par la bi-dimension du Phallus lacanien (de la mère), écrase dans le même mouvement la sexualité humaine sous le joug de l’inflation conceptuelle du lacanisme (anachronique) qui n’a, au fond, son équivalent que dans la théologie post Nicéenne.

La psy lac h an yse des écoles devient une scolastique oublieuse de l’homo ludens cher à E. Morin qui l’oppose à l’homo sapiens et à l’homo folens.

L’école lacanienne, se fondant sur et dans la révolution galiléenne de J. Lacan, repose sur la mystification trinitaire du R.S.I qui est aussi dogmatique que le dogme des trois consonnes
oublieux des voyelles qui s’épellent sur la peau des rejetons et non pas qui s’y incarnent.

Une recherche "scientifique" nous indique que de façon significative, dans les bruits que font les autistes (qui ne parlent pas), s’entendent les sons qui constituent leurs noms patronymiques.

Bonne fin de millénaire



Je signale ici qu’un collègue chinois de Chengdu (Gu Jianling) m’a fait remarquer qu’en analogie on peut dire que Mengzi (qui seul à son époque soutient que la nature est bonne, contre Confucius pour qui elle put être bonne ou mauvaise, et contre Gaozi qui dit qu’elle n’est ni bonne et mauvaise, soulève un problème crucial pour la pensée chinoise future dite néo-confucéenne) est le Lacan successeur de Confucius qui en devient le S. Freud. Peut-on dire que J. Lacan est un néo-freudien ?

Traduisons à nouveau la phrase de Mengzi :

wo gu yue. « Wo = MOI, Gu = J. Lacan, dit », « Moi Lacan je dis » —


C’est là une la manière de réintroduire J. Lacan dans le problème crucial que soulève Mengzi (comme si Mengzi était un contemporain). Quel est la crucialité du problème. Je dirais qu’elle pourrait être la différence entre une position morale et une position éthique (la fameuse “équité” par laquelle on traduit parfois le caractère yi ). Le glissement du vers le de Mengzi.

Débat de philosophie politique, au sein duquel intervient J. Lacan au titre de la nouvelle venue La Psychanalyse. Pour la modernité de Mengzi voir le livre : La Chine et la démocratie, Éd. Fayard, sous la direction de Mireille Delmas-Marty et Pierre-Étienne Will.


En 1995 un texte de F. Jullien intervient dans ce débat Fonder la morale, Dialogue de Mencius avec un philosophe des lumières (Éd. Grasset) nul doute que le philosophe de lumières n’est autre que F. Jullien lui-même. J’attire votre attention sur le dernier paragraphe de son introduction, page 9 :

Dans les pages qui suivent, je ne parlerai pas d’”éthique”, l’esquive à la mode, mais simplement de la morale.


Il est curieux que page 17 il indique (Schopenhauer) :

Mais ce principe, ajoute-il aussitôt, n’est que la conséquence d’une raison qu’on cherche encore et qui seule constituerait le fondement de l’éthique

en ajoutant la référence suivante dans une note : Le fondement de la morale, trad. d’Auguste Burdeau, réed. Le Livre de poche, Paris, 1991, page 33.


Sans rien enlever de son intérêt au livre de F. Jullien, il faut néanmoins noter qu’il ne se réfère pas à des auteurs comme P. Ricœur ou Patočka.

Jusqu'à l'affaire de la « Charte 77 », les rapports de Jan Patočka avec la politique furent définis par une absence tohttp://fr.yahoo.com/tale de concession à l'idéologie du régime et par une volonté farouche de poursuivre sa tâche de philosophe réflexif et spéculatif. C'est son intégrité morale et intellectuelle qui devait, durant l'hiver de 1976-1977, faire de lui un des signataires et un des porte-parole du Manifeste de la Charte 77 en faveur des libertés et des droits civiques. En s'engageant ainsi - au prix, finalement, de sa vie (il fut arrêté et soumis, avant de mourir, à d'exténuants interrogatoires policiers) - en faveur d'un manifeste qui se plaçait uniquement sur le terrain des droits humains, Patočka ne faisait que tirer les conséquences politiques de la phénoménologie elle-même : la « Charte 77 » et les interprétations qu'il en a données par écrit se tiennent sur le même terrain de la raison responsable et en déduisent le caractère foncièrement moral de l'existence politique elle-même.

P. Ricœur. (Encyclopædia Universalis 2006)


Plus proches de J. Lacan, ces deux auteurs analysent le passage de la morale à l’éthique, autrement dit de Spinosa à J. Lacan, ce passage semblant bien être un des problèmes cruciaux.

Enfin, pour conclure, il importe de consulter sur ce site “lacanchine”, mis en place par Guy Flecher sur lequel vous pourrez consulter ses propres travaux sur ces questions cruciales (ici), ainsi que ceux de Guy Sizaret (ici).


Pour les questions morales sinon éthique dans La Chine continentale contemporaine lire l’article de P. Nivelle :

« Les fonctionnaires chinois disent adieu à leurs concubines. Le Parti communiste estime qu’ils doivent être des exemples moraux », par Pascale Nivelle (lundi 10 septembre 2007)

Pang Jiayu, vice-président du Parti communiste chinois (PCC) du Shaanxi, était surnommé le « maire fermeture éclair » dans sa ville de Baoji. D’une vigueur étonnante pour ses 63 ans, ce dignitaire marié entretenait pas moins de onze maîtresses. Toutes ces « deuxièmes épouses » étaient promues, ainsi que leurs maris respectifs, à des postes importants grâce à l’entregent, si l’on peut dire, de l’amant.

Jalousies. Mais l’époque des concubines est révolue. Le PCC a résolu à l’approche de son XVII e  congrès d’octobre de « rehausser le niveau moral de la fonction publique » . Le « maire fermeture éclair » est tombé en juillet, dénoncé par ses maîtresses. Après des années de rivalités, de jalousies et d’intrigues dignes du film Epouses et concubines, elles ont fini par s’allier et ont produit un accablant rapport sur leur protecteur, par ailleurs empêtré dans d’innombrables affaires de prébendes et corruption. La commission de discipline du Parti, jusque-là très complaisante, a dû faire de lui un exemple : « Pang Jiayu peut s’attendre à une sévère punition. »

Pang n’est pas un cas isolé. Fin août, le ministre chinois des Finances, Jin Renqing, 63 ans, a démissionné de ses fonctions pour « raisons personnelles ». Outre sa mauvaise gestion du krach boursier chinois au printemps, son limogeage, assurent les médias, serait dû à un « scandale sexuel » et à l’existence d’une maîtresse. Mercredi, Duan Jihe, chef du parti de la ville de Jinan dans le Shandong, a été exécuté pour avoir commandité l’assassinat d’une maîtresse dont il s’était lassé. La jeune Liu est morte le 9 juillet dans l’explosion de sa voiture, en pleine ville. Duan a confié à son procès qu’il ne voulait pas la mort de Liu, mais juste qu’elle « perde l’aptitude à penser ». « Cet acte d’une extrême cruauté a eu un impact négatif sur la société », a jugé l’agence Chine nouvelle.

En juin, les autorités ont entrepris de purger le parti de tous les officiels « amoraux » : « Le sens moral des fonctionnaires touche directement le degré de moralité de l’ensemble de la société, ils doivent montrer l’exemple », a déclaré le ministère de la Fonction publique avant d’entamer la chasse aux amants blasonnés. Fin janvier, le Quotidien du peuple, organe du Parti, avait déjà sommé ses cadres de « ne pas sombrer dans le luxe, la débauche et une vie de plaisirs ». Il faut dire que les amours secrètes des dirigeants, tradition millénaire à laquelle Mao ne dérogeait pas, sont la source de beaucoup de complications. Entretenir des maîtresses et leurs maris coûte cher et « mène à la corruption », selon les dirigeants du Parti en guerre contre ce mal endémique en Chine. La presse et Internet, libérés pour une fois, s’en donnent à cœur joie. Les Nouvelles de Pékin ont révélé que la quasi-totalité des hauts responsables récemment limogés pour corruption, tous ayant rang de ministre, avaient des « deuxièmes épouses ». Cheng Liangyu, ancien secrétaire du Parti communiste de Shanghai, l’ex-vice maire de Pékin Liu Zhihua, l’ancien responsable du bureau national des statistiques Qiu Xiaohua : les noms pleuvent à l’approche du congrès et détournent opportunément l’attention des lecteurs de leur quotidien empoisonné par la pollution et la vie chère.

« 146 maîtresses ».  Un journal de la jeunesse a exhorté ses lecteurs à dévoiler les « secrets personnels » des cadres et à prêter attention à leur « arrière- cour ». Un internaute a même diffusé une joyeuse Grande compétition nationale des maîtresses, publiée par la suite dans un journal. La palme est revenue à un responsable du PCC de Jiangsu (dans l’est du pays), nanti de 146 concubines. Un secrétaire du Parti de la province de l’Anhui s’est vu décerner le prix de la meilleure « gestion » pour avoir nommé l’une de ses sept maîtresses afin de gérer les autres « selon leurs capacités ». L’ancien numéro 2 de la région du Hubei a décroché la médaille du « labeur » : « II aimait faire l’amour avec sa secrétaire sur la grande table de la salle de réunion. »

Mais l’assainissement général est en marche. Mercredi, l’administration nationale de la radio, du film et de la télévision a averti que les radios ne devaient désormais plus parler de sexe, même médical. Deux radios du Sichuan ont dû interrompre leurs émissions du soir sur le sujet. Ces programmes sont accusés «  de polluer l’atmosphère sociale et d’abîmer la santé physique et mentale du public ».