J’ai été très heureuse d’avoir l’occasion de traduire votre texte de la conférence, j’ai pu en tirer beaucoup et cela a donné lieu à des réflexions chez moi. En même temps, je suis très heureuse de pouvoir continuer à communiquer avec vous par le biais des e-mails. Vous savez, comme j’ai traduit le mot « sac » dans votre texte par le mot chinois «  bāo », ce caractère a une partie commune avec le caractère bào qui exprime « porter », j’ai aussi consulté le sens de ce caractère dans le dictionnaire de chinois classique. Jusqu’à maintenant, je ne sais dire si cela se conforme à votre texte. Et c’est pourquoi je suis très heureuse de pouvoir continuer à communiquer avec vous. Et par le biais d’un tel échange, je brûle aussi de savoir si dans le monde occidental, un tel raisonnement est possible ? Si ce n’est pas possible, alors comment comprendre cela ?

Donc, je voudrais parler du mot bāo de trois points de vue : premièrement l’origine du mot bao, deuxièmement le sens de bāo dans le chinois classique et troisièmement l’interprétation possible du bāo dans le rêve.


1. Pourquoi ai-je traduit bāo par “sac”.

Dans votre texte, le mot sac survient dans des sens et des situations différentes à nombreuses reprises, comme dans les quatre exemples suivants :

1) 背包bēibāo dans le sens de “sac à dos”: « je vais reprendre le train et sur le quai ou il y a beaucoup de monde je me rends compte que j’ai oublié mon sac à dos. »

2) bāo) dans le sens de “sac”, de façon générale: « j’ai oublié le sac dans la voiture […];j’ai du mal a en extraire le sac par la portière…;ce sac est donc l’enfant lui-même, ma fille. »

3) 小包 (xiǎobāo dans le sens du “petit sac”: « je trouve à moitié enfoncé dans la boue mon petit sac, qui s’attache comme une ceinture et qui contient le portefeuille […] ; je veux dire par là que le petit sac, support de mon identité, est donc aussi un témoin de ma masculinité. »

4) 大包 bāo dans le sens de “grand sac”: « on dirait que mon inconscient n’accorde pas grande valeur à ce statut paternel, traîne dans la boue au profit d’un grand sac oublie… mais si j’opte pour un grand sac capable de contenir les bébés, c’est-à-dire pour la féminité… »

Ainsi, au début dans ma traduction j’avais essayé de traduire le mot « sac » par des mots chinois différents, selon les circonstances, comme par “poche”, “valise” et “sac”. Ensuite, pour diverses raisons je finis par tous les traduire par bāo, et c’est là que je me suis aperçue que ce mot avait avec le caractère signifiant « porter » une racine commune bāo. C’est alors que j’ai consulté le dictionnaire « Shuowen Jiezi » de chinois classique, ce qui résulta dans beaucoup d’autres réflexions de ma part.


2. bao dans l’interprétation en chinois classique

Dans le « Shuowen Jiezi » de Xu Shen, le caractère bāo a les interprétations suivantes :

Bao c’est être enceinte, c’est-à-dire envelopper un enfant. À partir de ça, bao est étendu à tout ce qui enveloppe. Bao, le caractère est constitué de () qui est à l’intérieur de . Les deux parties sont ainsi : (), sa forme représente un enfant qui n’a pas encore pris forme (on peut l’entendre comme enfant , mais cela a aussi un autre sens abstrait, comme un des Rameaux Terrestres, voire la suite). prend la forme de quelque chose qui enveloppe.

Le « Shuowen Jiezi » continue ses explications :

les premiers souffles (vitalité) de l’homme viennent de (). Selon la séquence des rameaux terrestres : hai, xu, you, shen, wei, wu, si, chen, mao, yin, chou, zi. L’homme va à gauche pour 30 fois (un an par tour), c’est-à-dire premier zi, ensuite chou, yin, etc., la femme va à droite 20 fois, c'est-à-dire premier , ensuite hai, wu, you, etc., tous arrivent à (), c’est à ce moment qu’ils sont réunis. Dans le zhouli à trente les hommes s’établissent, à vingt les femmes se marient, et ainsi ils forment un couple. À ce moment, l’enveloppe enceinte un () et celui-ci devient un enfant.


3 Le sac dans le rêve

Comme je l’ai déjà dit ci-dessus, le sac dans le texte prend quatre formes : sac à dos, sac, petit sac, et grand sac. Si je comprends bien, votre interprétation c’est le sac à dos et le sac pour l’enfant, la fille, et le petit sac pour le phallus, le grand sac pour la féminité.

À propos de la relation entre petit sac et phallus, vous dites : « il est muni d’une ceinture qui fait que je le porte en général attaché par-dessus la ceinture du pantalon, pendant sur le devant Presque au niveau du sexe. Il est clair qu’il devient, d’une part à cause de sa fonction identitaire et d’autre part en raison de sa position sur le coup, un représentant du phallus ». Alors, le sac à dos et le sac comment sont-ils liés à l’enfant ? Et comment sont alors liés le grand sac et la féminité ? Existe-t-il une relation interne entre sac à dos, sac et grand sac ?

Dans votre texte, c’est presque comme si vous tendiez à lier le sac à dos, le sac et le grand sac d’une même façon, c'est-à-dire par l’oubli. « …au profit d’un grand sac oublié »,« j’ai oublié mon sac à dos »,« j’ai oublié le sac dans la voiture ». C’est alors qu’ici féminité et enfant sont reliés. Donc le sac à dos, le sac et le grand sac, c’est le sac enfin. C’est ce que le « Shuowen Jiezi » signifie : la féminité enveloppe (l’enfant pas encore né). Ou bien on peut aussi dire « une mère future ». Êtes-vous d’accord ?


En partant du caractère du chinois classique, j’ai réfléchi au petit sac. Quoi qu’il en soit, le petit sac (小包 xiaobao) représentant le phallus comporte aussi le caractère (bao), même s’il est petit (xiao). Alors, à part les papiers, l’argent, y’a-t-il d’autres choses ? Par exemple, la petite amie ? En écrivant ceci, je me suis rendu compte que le chinois dit « 女朋友 nüpeng you » et le français dit « petite amie », remplaçant femme par petite. Quand j’avais appris ce mot en français en classe primaire, cela m’avait beaucoup surprise. Pourquoi dire « petite » ? Depuis j’appelle mon ami « petit ami » et en pensant en moi-même aux deux mots “petit” et “ami”. Donc, en voyant le petit sac dans votre texte, je me suis demandée, si dans le sac, à part papiers et argent, il n’y avait pas un sens de petite amie ? Il n’y a que comme ça que l’on peut relier le sens en chinois classique avec le petit sac.

Pensez-vous que l’interprétation faite ici est juste ? Et je ne sais pas non plus si ma traduction de sac a été juste ? Cela rend-il votre idée ? J’attends votre réponse.


Ah oui, pendant la préparation du séminaire « féminité et maternité » j’ai fait un rêve, où je perdais moi aussi mon sac. En traduisant votre texte, je me suis souvenue de nombreuses fois de mon rêve. Je serais contente de partager avec vous mon rêve, mais le temps n’est pas suffisant, ce sera pour la prochaine fois.

Comme un chien

Commentaire de la traductrice du texte


Tao Xinghua


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