Éric Didier

Ces histoires fonctionnent comme des codes qui permettent de remettre en question des façons de penser et de nouvelles voies, de nouveaux modes de travailler.



Richard Abibon

Je propose l’image d’un nœud à 4 ficelles. En ouvrant une histoire avec une autre, tu remets en mémoire ce que Freud a trouvé comment mener une cure à partir d’un trauma. La liaison entre un événement récent et un événement ancien. Dans deux histoires, il y a des traumas réels. Et dans les deux autres histoires, il y a de l’assassinat fantasmatique. En faisant le nœud entre ces histoires : s’il y a trauma c’est qu’il y a dû y avoir assassinat fantasmatique dans tous les cas. Est-ce cela que tu nous as donné à lire ?


Abibon pense que l’assassinat est du côté de celui qui a subi le trauma, c’est l’inverse de l’assassinat collectif.


C’est un peu comme si elle venait de voir un film. J’ai une question à poser, je voudrais savoir de quel point de vue s’est placé l’analyste, j’aimerais connaître l’arrangement du cabinet ; je ne sais pas si c’est un documentaire ou une fiction, ce thème de l’enfance est assez troublant, un peu trouble. J’aimerai en savoir plus sur ma propre enfance. Je remercie E. Didier qui m’a appris sur la psychanalyse.

Le bureau sera défini puis dessiné. (avec un jeu de questions réponses) Est-ce que la disposition des éléments dans une pièce peut avoir une influence sur les productions ?


La règle fondamentale, c’est pour parler. Bien entendu, il y a beaucoup d’enfants qui ne se tiennent pas à cette règle, qui se roulent sur le divan, qui font des galipettes et qui cassent des objets. N’empêche que la règle c’est moi j’écoute et je n’interviens pas autrement. Je reçois des enfants dans mon cabinet mais je reçois aussi des adultes. C’est le même cabinet. La conception que j’ai c’est que tout analyste devrait pouvoir travailler avec des enfants.


Est-ce qu’il y a des jouets ? L’espace de travail c’est le jeu avec les mots, les enfants comprennent bien cela.



L. Lauritson

On ne sait pas exactement ce que toi tu fais, tu nous dis que tu ne travailles qu’avec la parole, tu travailles aussi avec des changements de place. Tu travailles avec du silence. Tu nous invites à regarder les cas de récit comme des fictions des « reality show » ; de fiction cela veut dire que chacun les travaille à partir de son fantasme. Tu pourrais nous dire encore plus ce qui pourrait expliquer ce que ces enfants-là.



Jean-Jacques Moscovitz

Il s’agit d’assassinat fantasmatique ou d’assassinat du fantasme. Ce que nous donne à penser d’Éric Didier c’est une clinique du Réel. Le trauma est-il toujours noir ? qu’est-ce qui s’est passé depuis Freud pour que ce Réel participe plus de la mort que du sexe ? Sommes nous amenés depuis ce qui s’est passé (les assassinats collectifs) à ne voir en l’enfant qu’une victime et rien d‘autre c’est-à-dire en danger de mort, or ce que propose E. Didier c’est de faire un pas de côté de sorte que le nœud qui pourrait être : le corps, la mémoire et la parole doivent être renoués par l’acte de l’analyste. Y a du corps (le suicide), de la mémoire (la jeune femme), de la parole (l’acte analytique). La parole coupe dans la jouissance, totalement occupée par la mort de telle sorte que cela puisse faire sujet. Depuis les horreurs du siècle passé, on ne pouvait voir le monde qu’à travers ces horreurs, et l’acte de l’analyste est de proposer cet écart qui puisse faire sujet ;



Éric Didier

Ce sont des fictions, il y a un enfant que je continue de voir et d’autres que j’ai vus, il y a dix ou vingt ans. Pour moi lorsque Michel Guibal m’a proposé d’écrire ça, c’est écrit comme ça. Ce que je ne voulais pas c’était raconter par le détail une cure.

Je me suis rendu compte que je tenais à ne pas donner du sens, ce n’est pas limpide, ce n’est pas le propos de rendre limpide ce qui ne l’est pas. C’est dans l’après-coup qu’on peut comprendre et en faire une écriture des années après.

La question du dernier mot. Laisser le dernier mot à l’analysant. C’est compliqué et c’est peut-être là que le désir de l’analyste se dévoile vraiment.

Vous ne savez pas ce que je dis dans les cures mais ce que j’ai laissé entendre c’est sur quoi j’arrête les cures. Et c’est là que se dévoile la conception singulière du psychanalyste.

C’est l’envers absolu du totalitarisme au sens où tout totalitarisme prétend réduire l’individu à un chiffre. Dans l’espace de l’analyse un sujet est une énigme qui restera une énigme. La trouvaille de Freud est l’envers du nazisme.


À propos de la première histoire. Thomas a vu la photo des deux enfants dans le bureau. Il y a dans cette scène un regard visuel. Cette différence a le sens d’un changement. C’est une remarque visuelle.

Passons à la troisième histoire, il y a aussi un lien avec le regard. Se pose le regard de l’assassin. Au début de la première histoire, Didier parle de la créativité de l’enfant, l’enfant devient un sujet créatif, un sujet créatif. Nous avons pu voir le point du changement. Je pense que ces changements ont un lien avec le regard et la vision. Je voudrais savoir quel est le rapport entre le regard et le sujet. Rapport entre le regard de l’enfant et ce qui n’a pas été dit.

Le lien entre le regard



Anne-Marie Houdebine

cite W. Granoff : « Le récit clinique n’est pas de l’ordre de l’exactitude, mais d’un rapport critique à la vérité »

D’où le trait mais pas tout.



Intervenante chinoise

J’ai toujours été très intéressée par les questions liées à la thématique du symbole.

À partir de la vision de la photo il y a une réaction. Dans le second cas, le rêve, des images à partir desquelles la parole vient, dans le troisième cas un travail sur la couleur du monde, il y a et la vision et la parole. J’aimerais connaître les explications des « experts » sur les rapports entre l’imaginaire et le symbolique.



Laurent Cornaz

Depuis l’intervention de ce matin dessiner le dispositif :

Est-ce qu’il y a quelque chose et quoi qui du point de vue de la psychanalyse justifie la nomination « psychanalyse d’enfant » ; on ne distingue pas non plus une « psychanalyse de femme » et « psychanalyse des hommes ». La question du corps en psychanalyse.

De la salle insiste à dire « psychanalyse avec des enfants », « les psychotiques ». D’où la question, pourquoi maintient-on ces appellations qui entraînent cette autre nomination qui est celle d’expert, parce que s’il y a plusieurs types de psychanalyse, il y a nécessairement plusieurs types d’expert.

Besoin d’avoir un lieu de l’analyse préservé.



Éric Didier

« Psychanalyse avec les enfants » non « psychanalyse d’enfant » ou je propose encore « au risque avec des enfants ».

Chaque analyste donne des rendez-vous secrets à ses patients.

Discussion

à propos de la communication d’Éric Didier

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