À son retour du colloque d’avril à Chengdu, Richard Abibon m’a fait parvenir ce petit récit qu’il me propose de vous faire partager.

GF





Il se trouve que, hors le colloque, j’ai eu l’occasion de rencontrer trois artistes chinois très sympathiques et talentueux. Alors que nous parlions de leurs œuvres, Wu Tian me demande si moi aussi, je peins ; je réponds que non mais je dessine. Et je lui montre le dessin que j’ai fait au colloque, d’une main distraite, tout en écoutant l’un de nos collègues.




Il le regarde un moment et s’exclame (en chinois). Après traduction, je comprends ceci : dans la partie gauche de mon dessin il a reconnu la forme d’un très ancien caractère chinois, oublié de tous aujourd’hui. Un caractère qu’on ne trouvait que sur les carapaces de tortues, premier support des caractères chinois : on les passait au feu et dans les craquelures obtenues, les lettrés d’alors « reconnaissaient » les lettres qui signifiaient ceci ou cela. Or, ce caractère signifiait ce qui se prononce aujourd’hui meng : rêve.

Et il se met aussitôt en m’en faire une calligraphie… puis une autre, et encore une autre…




Après quoi, nous prîmes un repas bien arrosé du meilleur alcool de riz qu’ils aient pu trouver. Il y avait là Wu Tian, Blackeye Bobo (peintre et calligraphe), sa fille (idem), Sun Cong, l’étudiant qui traduisait (nonobstant son travail de thèse sur zen et psychanalyse) et Philippe Valls. Ce dernier avait eu la surprise, lui, de retrouver chez Blackeye Bobo l’initiateur de groupes de dessins pour des enfants victimes du dernier tremblement de terre du Sichuan.




Je dis « retrouver », car Philippe Valls organise la même chose depuis des années pour des enfants victimes de catastrophes diverses un peu partout dans le monde.

Dans nos discussions, nous sommes tombés d’accord sur ceci : lorsqu’on remonte dans l’archaïque, on trouve la même chose chez tous les peuples.



Suite à cette rencontre, Wu Tian a publié ce texte sur son blog, ici traduit par Sun Cong :

 

在现场,法国精神分析家阿·彼波先生拿出他作的《女人的心灵》图画,图画中的女人头上开有一小洞,小洞里生长出一果小花。其二,又在女人胸口开有一窗口,展示女人自身心灵深处的海洋和太阳。该图画既展示了女人之美‘梦’,又揭示人之精神意象的萌动。此图画触发我的心灵,则动笔书写了甲骨文‘梦’字,全场的精神分析家和国人朋友们都惊恐万状。为什么在三千多年前,中国造字始祖就造有‘梦’字?为什么中国汉字能活在当代?这时我将头一抬,有点傲气。的确中华民族对‘梦’的认知,早已走在人类文明的前端。  

Le psychanalyste Monsieur Abibon me montre sa peinture « la psyché d'une femme ». Dans cette peinture, il y a un trou sur la tête de cette femme, une fleur pousse dans ce trou. De plus, il y a une fenêtre sur la poitrine de la femme, la fenêtre montre un paysage. Je m'inspire de cette peinture et écris le caractère “rêve” ; tout le monde est étonné. Avant 3 000 ans, pourquoi les ancêtres Chinois conçoivent le caractère (rêve) comme ça ? Je suis un peu fier que dans l'histoire de préhistoire chinoise la connaissance sur le rêve était si excellente.


 迄今,中国古文字学者并没有将甲骨文‘梦’字作出考证,仍没有将中国人的‘梦’字与弗洛伊德的解梦之源本(象形)联系在一起,作出分析研究。这一点,也是霍大同先生之旨意。观其,甲骨文‘梦’字象形,它生动展示了,跪下的‘梦’人及头上燃放出缕缕‘梦’丝之象。这甲骨文‘梦’字与阿·彼波先生作的《女人的心灵》之画,的确有异曲同工。这一点,方能印证东西方都具有对‘梦’认知的共性。可以说,中国甲骨文‘梦’字,应该是人类‘梦’之始祖吧。

Aujourd'hui, il y a peu de savants qui fassent la recherche sur le caractère ancien meng. Et il n'y a personne qui maintient le lien entre « l'interprétation du rêve » et le caractère ancien chinois. Le caractère ancien et la peinture « la psyché d'une femme » ont la même structure. Pour moi, ça signifie qu’il y a une seule structure pour tous les êtres humains. Peut-être on peut dire : le caractère ancien sur le dos de tortue est l’ancêtre de l'interprétation du rêve.


笔者将甲骨文‘梦’字(书法),奉中国精神分析大师霍大同先生,同时又将甲骨文‘梦’字(书法),奉法国的精神分析家们。在此,祝愿天下人,每天有美‘梦’。

J'écris ce caractère “rêve” (calligraphie), au psychanalyste chinois Monsieur Huo Datong, aux psychanalystes français Monsieur Abibon et Monsieur Valls. Je souhaite que chaque soir, tous les êtres humains aient des beaux rêves.





 

À propos de l’ancien caractère chinois meng

« rêve »


Richard Abibon


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